L’accordéon, né en 1829, est un jeune instrument qui n’existe sous sa forme actuelle que depuis les années 1950. Nous distinguons accordéon et accordéon de concert par la facture instrumentale. En effet, l’accordéon traditionnel (le plus connu) possède en main gauche des basses et des accords préfabriqués : on appelle ce système les basses standards. L’accordéon de concert possède des basses standards, mais possède la possibilité de faire également des notes isolées, avec une tessiture de cinq octaves (il s’agit des basses chromatiques), comme la main droite : le répertoire imaginable est donc beaucoup plus large et c’est alors la porte ouverte à de nombreuses transcriptions. L’accordéon de concert, s’il est usité et reconnu dans les institutions françaises, est encore victime d’une confusion avec l’accordéon traditionnel par un large public, car visuellement les instruments se ressemblent comme des jumeaux.

Ce disque propose un échantillon du répertoire de l’accordéon de concert, notamment au travers de transcriptions de pièces pour clavier, mais aussi au travers de pièces d’aujourd’hui écrites spécifiquement pour l’accordéon de concert ou le bayan, comme on l’appelle en Russie.

Le titre de ce disque est le titre d’une pièce que Stéphane Borrel me dédie en 2010. Cette pièce, Facétie, est un peu le fil rouge de tout le disque. Il s’agit en effet d’une pièce virtuose de caractère léger et joyeux, comme une grande majorité des pièces composant ce disque.

Ce disque est conçu en trois tableaux qui ont tous trois en commun la virtuosité et la légèreté. Le premier tableau est dédié aux transcriptions de pièces de compositeurs 4-5. baroques, classiques ou romantiques : Scarlatti, Bach, Schubert ou encore Paganini/Liszt. Le second est constitué de musiques contemporaines de trois compositeurs français d’aujourd’hui : Richard Dubugnon, Bernard Cavanna, et Stéphane Borrel. Enfin, la dernière partie, toujours légère, gaie et virtuose, est composé de pièces dans le style espagnol : Albeniz, Villa-Lobos, Granados, et Biloschizki. Cette dernière partie est à nouveau composée de transcriptions, avec pour exception la dernière pièce qui est une suite espagnole composée pour accordéon… par un compositeur russe : cette pièce finale apporte un tout autre éclairage à ce tableau espagnol.

Facétie n’est pas non plus un titre anodin car ce programme présente l’accordéon dans un répertoire où le plus grand nombre ne l’attend pas. En effet, lorsqu’on parle d’accordéon, on pense au jazz, aux musiques traditionnelles, à Piazzolla et parfois à la musique contemporaine. La majorité des gens ne sait pas forcément que l’accordéon permet tout cet univers de transcriptions, dont ce projet ne présente d’ailleurs qu’une infime partie.

De surcroît, il n’est pas rare qu’un accordéoniste qui prétende pouvoir interpréter des pièces « nobles » comme celles de Schubert ou Bach prête à sourire. L’idée de ce programme est donc de faire tomber toutes ces idées reçues qui ont la vie dure, en invitant le mélomane à découvrir toute la richesse de cet instrument encore trop méconnu qu’est l’accordéon de concert.

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